Au
coeur de l'Afrique, dans un petit village, on prépare
un grand festin. C'est un jour de fête. On se maquille,
on se pare. C'est un jour sacré. Le clan des adultes
se rassemble et désigne les enfants en âge
de devenir dès guerriers.
Pour Yakouba, c'est un grand jour.
Il faut apporter la preuve de son courage, et seul, affronter
le lion.
Sous un soleil de plomb, marcher, franchir les ravins, contourner
les collines, se sentir rocher,
forcément, herbe, bien sûr, vent, certainement,
eau, très peu.
Le jour comme la nuit épier, scruter; oublier la
peur qui serre le ventre, qui transfigure les ombres, rend
les plantes griffues et le vent rugissant Attendre des heures
et puis soudain..
S'armer de courage et s'élancer pour combattre.
Alors Yakouba croisa le regard du lion.
Un regard si profond qu'on aurait pu lire dans ses yeux.
" Comme tu peux le voir, je suis blessé. J'ai
combattu toute la nuit contre un rival féroce. Tu
n'aurais donc aucun mal à venir à bout de
mes forces.
Soit tu me tues sans gloire et tu passes pour un homme aux
yeux de tes frères, soit tu me laisses la vie sauve
et à tes propres yeux tu sors grandi, mais banni,
tu le seras par tes pairs. Tu as la nuit pour réfléchir.
"
Au petit matin, Yakouba ramassa sa lance, jeta un dernier
regard sur, le lion épuisé et prit le
chemin du retour.
Au village, les hommes, son père, tous l'attendaient
Un grand silence accueillit Yakouba.
Ses compagnons devinrent des guerriers respectés
de tous.
A Yakouba, on confia la garde du troupeau, un peu à
l'écart du village.
C'est à peu près à cette époque
que le bétail ne fut plus jamais attaqué par
les lions.
Texte intégral d'un album édité chez
Seuil jeunesse