Extrait du Jour ou j'ai raté le bus

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Benjamin, dépêche-toi, nous allons être en retard.
Ça, c’est la grosse voix de papa Christian quand il fait
semblant* d’être en colère pour que je ne traîne pas trop
dans la salle de bain. Mais moi je sais bien qu’il me reste
encore deux minutes de mon temps à moi. C’est tous les
matins pareil, sauf le samedi et le dimanche où je peux
dormir plus longtemps. Les jours d’école, par contre, il
faut que je respecte* les horaires*.
Les horaires, c’est quelque chose de très important. Si on
ne les respecte pas, ensuite tout marche* de travers. Et
moi, oh oh, ça m’énerve*!
L’horaire du réveil* qui sonne, c’est sept heures moins le
quart. Même que j’ai du mal à prononcer le sept, tout le
monde comprend cinq heures moins le quart et souvent on
me demande pourquoi j’ai besoin de me lever si tôt. Et
moi, ça, ça m’énerve.
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À partir de là, j’ai quinze minutes pour prendre mon
petit déjeuner. C’est un moment très important afin de se
sentir en forme pour le reste de la journée. En général, c’est
mon frère qui me le prépare à l’avance. Il est sympa avec
moi, Alexandre. Lorsque j’arrive dans la cuisine, mon bol
est déjà rempli de corn-flakes et il y a la bouteille de lait qui
attend tout à côté. Prête à être versée.
Mais moi je n’ai pas trop confiance*, des fois Alexandre
se trompe* sur la quantité*, et je recompte toujours le
nombre de mes corn-flakes.
Maman Brigitte insiste pour que je dise « flocons de
maïs » et papa Christian ajoute toujours que ce n’est pas
parce qu’ils ont débarqué une fois sur nos plages qu’on doit
inviter les Américains tous les matins à notre petit déjeuner
familial.
Entre soixante et quatre-vingts corn-flakes ça fonctionne,
c’est un bon petit déjeuner. En dessous ou au-dessus,
c’est la catastrophe. Le nombre de corn-flakes dans le
bol du matin, il ne faut pas rigoler* avec ça. Sinon après le
monde tourne* à l’envers et plus personne ne s’y retrouve.
Ça énerve mon frère que je recompte, mais c’est plus fort
que moi, je n’arrive pas à m’en empêcher*.
Ensuite, je dois me laver le visage et me coiffer. Je dispose
de dix minutes pour cette opération. C’est beaucoup
de temps pour une si petite opération, mais la salle de bain
se trouve au premier étage et pour moi c’est plus compliqué
de monter des escaliers que pour la plupart* des personnes.
C’est important d’être bien coiffé, alors je fais très
attention.
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Je suis un spécialiste de la raie sur le côté. Je fais râler*
papa avec cette histoire, parce que ça fait très longtemps
qu’il n’a plus assez de cheveux pour se coiffer. L’avantage
de son crâne* chauve*, c’est qu’il lui fait gagner* au moins
cinq minutes sur son horaire.
Enfin, il me reste vingt minutes pour m’habiller. Avant,
il ne me fallait que dix minutes pour accomplir cette opération,
mais maman m’aidait beaucoup.
Depuis que je suis plus grand et que je veux tout faire
seul, la durée de l’habillage s’est allongée de dix minutes.
Et, si on respecte les horaires, je dois être prêt pour partir
à l’école à sept heures vingt-cinq. Devant le portail, avec
le ventre bien rempli et la raie sur le côté tracée bien droite.
– J’arrive, papa…
Bon, j’ai décidé de ne pas profiter* des deux minutes qui
me restent, mais il ne faut pas que ça devienne une habitude.
Si on commence à ne plus respecter les horaires, le
monde ne tourne* pas bien et les gens se retrouvent la
tête* dans le mauvais sens. Et moi, oh oh, ça m’énerve.